Portail du patrimoine musical en Hainaut (XVIIe-XVIIIe siècles)

Valenciennes

Eglise Saint-Nicolas

L'activité musicale

 

L'activité musicale en l'église Saint-Nicolas est attestée depuis le début du XVIe siècle : un organiste, Pierre de Prat, y rémunéré à partir de 1506. Nous ne connaissons rien de l'orgue primitif. En 1574, un nouvel orgue fut installé. Le facteur en était M. Adrien Le Vas. Ces orgues coûtèrent 916 livres 17 sols tournois "que les bons paroischiens payèrent par cottisation qu'ilz feirent entre eulx".

Elles furent restaurées en 1585 par Waignon, faiseur d'orgues qui avait reçu 80 livres "pour avoir mis jus toutes les buses des orgues, les avoir revisitées et raccordées, nettoyé et remis à point le secret d'icelles, ensemble avoir changé la trompette et autres choses nécessaires". " Et après avoir achvé les ouvrages, considérant l'avoir bien et dûment fait, lui a été donné en récréation deux lots de vin, de soixante sols".

En 1704, Pierre Fromat, maître faiseur d'orgues, demeurant à Tournai, restaure l'instrument.Au milieu du XVIIIe siècle, les rats paraissent avoir causé des dégâts à l'instrument. On peut lire en effet dans la résolution du 3 mai 1765 : "A l'assemblée, a été représenté par le receveur que l'orgue étant en très mauvais état, par sa vétusté et par les rats qui l'ont entièrement dévasté, par quoi on requiert résolution à cet égard. A été résolu d'étaler pendant six mois et par provision, Monsieur le Doyen s'est offert, ses vicaires, grand et petit clerc de cette paroisse, ce quêter pendant la grand messe et vâpres des jours de Pâques, Pentecôte, Toussaint et Noël, pour le profit de la dite quête être employé aux besoins les plus pressants de la dite église [en marge, mention] n'a pas été exécuté". Les rats s'attaquaient surtout au cuir des soufflets qui devaient faire l'objet de soins soutenus puisque indispensables au fonctionnement de l'orgue.

 

L'orgue de Van Peteghem

 

En 1783, la paroisse décide de faire constuire un nouvel instrument. On fait appel à Aedigius Franciscus Van Peteghem, facteur d'orgues originaire de Gand. Celui-ci "s'engage et s'oblige de relivrer le positif bien conditonné au plus tard dans le courant de septembre 1785". Il "s'engage de garantir la dite orgue et de refaire à ses frais tous les défauts qui pourraient s'y rencontrer jusque et y compris l'année 1787". Il recevra la somme de 5800 livres de France, répartis comme suit : "2000 livres à la livrance du positif et des soufflets, à dire d'expert, 1900 livres à la livrance de la grande orgue, et les 1900 livres restantes un an après la livrance de la dite grande orgue."  Les frais de transport de la grande orgue et du positif, et les droits d'entrée en France étaient à la charge de la paroisse. Un dessin au lavis d'encre noire de l'orgue de Saint-Nicolas est conservé dans les archives municipales de Valenciennes.

 

Cet orgue était composé d'un grand orgue et d'un posotof. La composition de l'orgue construit par van Peteghem pour Saint-Nicolas est précisée par un document d'archives. La soufflerie était composée de toirs soufflets de six pieds sur trois de large, de quatre plis et demis, en bois de chêne et bonne peau de mouton.

 

La construction du buffet d'orgue fut confiée au menuisier valenciennois Fauvez pour la somme de 4000 livres de France "payables dans le terme ci-après, savoir 1/4 comptant, 1/4 à la livrance du positif au mois de septembre prochain [1784], un autre 1/4 à la livrance de la grande orgue au moins de sptembre 1785, et le dernier 1/4 au mois de septembre 1786, lorsque la livrance en aura été faite et que les experts, après avoir visité ses ouvrages, les auront approuvés". Ce contrat est reproduit en annexe.

 

L'organiste titulaire contrôlait les travaux effectués par les différents facteurs d'orgues, mais il était aussi chargé de l'entretien courant de l'instrument. Il avait la charge de payer le souffleur. Les livres de comptes en révèlent le détail.

 

En absence de sources musicales, il n'est pas permis de savoir ce que jouaient ces organistes "tous les Dimanches et fêtes de l'année à la grand messe et aux Vêpres le Jeudi Saint, la veille de la Pentecôte à la grand messe seulement et les jours d'adoration d'hiver et d'été, au jour du sacre à la grand messe et aux Vêpres, pour les fêtes des confréries, ..., les messes d'anges, les messes à dévotion, des corps de métier et autres, ainsi que les saluts des Samedis, la grand messe de tous les Jeudis, le matin..."

 

A l'occasion de certaines fêtes, d'autres musiciens se joignaient à l'organiste à la requête de celui-ci. L'orgue répondait aux besoins d'un culte qui trouvait sa place dans la société de l'époque. Les airs profanes, contraires à l'esprit de l'église étaient exclus et les jeux d'orgue étaient choisis "conformément aux solennités de l'église, partant que [l'organiste] ne jouera point les jeux d'ange, qui sont sujets à se discorder, qu'aux fêtes solennelles de l'église et des confréries et métiers, excepté de la basse de trompette pour le Tantum ergo et le Salutaris".

Auteur(s) de la fiche : P. Perlot et F. Guilloux (14 janvier 2014)

S. Le Boucq, Histoire ecclésiastique de la Ville et Comté de Valentienne, éd. A. Prignet et Arthur Dinaux, Valenciennes, A. Prignet, 1844.
P. Perlot, « Orgue et organistes à l'église Saint-Nicolas », Valentiana, 30 (2002), p. 81-85.

Auteur(s) de la fiche : P. Perlot et F. Guilloux (14 janvier 2014)